Incroyable parcours que celui de John Hins (voir les photos ici), chirgurgien à moto qui officiait lors des terribles courses sur route irlandaises. Ses interventions express ont sauvé des vies… quand c’était possible. Dans son garage, entre les clés dynamométriques et les tournevis, se trouvaient des sacs orange fluo remplis de seringues, scalpels, médocs et compresses, mais aussi un laryngoscope. A l’époque, il expliquait à notre journaliste : « On l’utilise lorsqu’il faut intuber un patient pour l’aider à respirer, mais c’est également un bon décapsuleur ».
Des outils de médecin, mais à bord d’une moto
Le laryngoscope et le reste du matériel emprisonnés dans les fameuses pochettes sont les outils de John Hinds lorsqu’il officiait en tant que toubib au sein du championnat de courses sur route irlandais. Pour mieux saisir la difficulté de cette tâche, il est impératif de voir sur internet les vidéos hallucinantes de ces joutes (notamment sur la web tivi Moto Journal, rubrique sport).Médecin à bloc sur la piste pour sauver des vies
Docteur John et docteur Fred (son collègue Fred McSorley) comme ils sont affectueusement dénommés par les pilotes, sont connus de tous. A bloc dans l’aspi du pack à bord de leurs motos respectives, facilement identifiables grâce à leurs trousses de matériel flottant au vent et leur casque au marquage Doctor orange fluo, ils sont la tête de pont des six médecins et de la douzaine d’infirmiers qui offrent l’assistance la plus rapide du monde aux pilotes accidentés de ces courses extrêmes où les obstacles sont légion. Etre à moto et sur le circuit leur permet d’intervenir parfois quelques secondes seulement après un crash.Hommage au Dr John Hinds, qui s’est tué lors de la Skerries (Photo DR)
Médecins sur piste, anesthésiste dans la vie de tous les jours
Lorsqu’il ne foncait pas sur les circuits routiers de Dundrod ou de Tandragee, John Hinds, 34 ans, officiait en tant qu’expert dans deux spécialités médicales distinctes à l’hôpital de Craigavon, dans le comté d’Armagh (Irlande du Nord). Il passait la moitié de sa semaine en réanimation, l’autre au bloc opératoire en tant qu’anesthésiste.Les urgences, une vraie passion pour Doc John !
« J’ai toujours été attiré par les cas d’urgence, car les patients en état désespéré t’obligent à improviser. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu devenir médecin, et selon moi, c’est le modèle que tout docteur devrait suivre. » John admetait avoir été traumatisé par certaines de ses interventions à l’époque : « J’étais en train de regarder mes héros attaquer à 100 %, quand soudain, quelque chose tournait mal. Voir la vitesse à laquelle une situation sous contrôle peut virer au cauchemar est invariablement traumatisant, et, à chaque fois, voir ces pilotes passer du plein état de forme à celui de blessé grave en un instant me coupe le souffle. Mais une fois en intervention, ton esprit est accaparé par la condition du blessé, et tu ne penses à rien d’autre. »Une équipe soudée qui n’a pas besoin de se parler pour se comprendre
« Nous sommes en permanence en contact radio avec la direction de course, donc dès que nous entendons qu’un accident a eu lieu et qu’on voit les drapeaux rouge stopper la course, on intervient. On commence par compter le nombre de motos accidentées et voir s’il correspond au nombre de pilotes visibles. Parfois, ça ne colle pas, et il faut donc partir à la recherche du pilote manquant dans un champ ou sous une haie. D’autres fois, un spectateur peut également avoir été blessé. C’est pour ça qu’il est important de scanner toute la scène pour savoir dans quel ordre opérer. Juste après, il faut décider des ressources dont tu as besoin. S’il y a deux pilotes à terre, dont l’un d’eux est inconscient, ce qui est toujours mauvais signe, il faut appeler le reste de l’équipe, qui arrive avec des voitures et un van contenant tout le matériel de réanimation. Et surtout une équipe de médecins très compétents et entraînés à bosser en groupe qui permet de faire revenir un pilote du royaume des morts. Je n’exagère pas. Une des choses qui frappent les spectateurs lorsqu’ils nous voient travailler est que nous le faisons en silence. Comme toutes les équipes pro rodées, chacun sait ce qu’il a à faire. Une personne suffit pour coordonner l’activité. »Moto Journal présente ses sincères condoléances à la famille ainsi qu’aux amis de John Hinds.
Cindy Belpalme
Pièces jointes originales : |
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